DRIVE

De Nicolas Winding Refn avec Ryan Gosling.

Un : ne pas se fier à la bande annonce ;

Deux : ne pas rater le début, on y apprend que le « driver » conduit pour la mafia, la nuit, et fait des cascades pour le cinéma et répare ou prépare des voitures, le jour. Mais quelle entrée en matière !

Trois : d’où vient-il ? Qui est-il vraiment ? Pourquoi cette solitude ? Pourquoi est-il capable d’une telle violence ?

Nicolas W. Refn nous offre un film d’une intensité psychologique, dramatique, ponctué de quelques poursuites assez époustouflantes. Suspens garanti.

On pense un peu au « Samouraï » de J-P Melville, revu et corrigé par les States, eux-mêmes arrangés à la sauce scandinave. Refn est danois.

Image de notre société ?

Individualisme forcené. Triomphe de la mafia qui règne sur le monde, qu’elle relève du haut banditisme, de la finance ou de la politique. Les trois étant souvent mêlés.

Dans un monde de violence absolue, obtenir un peu de bonheur, un peu de paix, ne pourrait se payer qu’au prix d’une violence égale ?

Pas sûr ! Mais probable.

En attendant, un film à ne pas rater. Il n’a rien à voir avec la trilogie « Le Transporteur », série boum-boum bien faite, genre kung-fu européen avec humour en plus.

Ici, pas d’humour. Du sombre. Kierkegaard, Bergman, avec poussées d’adrénaline entre deux silences, entre deux regards. Désirs, amour difficile voire impossible.

 Pas un « causeux », le héros. Un tendre, un sentimental, capable de se blinder très vite, de se transformer en arme humaine, sous l’effet des trahisons et des double-jeux dont il est la victime. Un cœur gros comme ça qui va jusqu’au bout de lui-même comme les héros de la littérature et du cinéma japonais.

Et toujours ce jeu de chat et de souris entre les personnages et leurs destins. Qui manipule qui ?

Le cinéma, comme la culture en général, engendre le cosmopolitisme, l’universel, à ne pas confondre avec la mondialisation qui n’est que la partie économique d’un système capitaliste fou en train de se suicider et de nous emmener avec lui dans l’abîme.

Saperlotte ! Un film d’action qui fait penser, ce n’est pas tous les jours que l’on voit ça.