Le Bal des Faux-Culs

LE BAL DES VOYOUS

L’Affaire Clearstream est un révélateur des passions. Collusion de la politique et de l’économie, rencontre de paranoïaques, rivalités entre assoiffés de pouvoir, et décadence de la République qui, il est vrai, en a connu d’autre.

Qui peut croire, un instant, en son for intérieur, qu’il y ait un seul « innocent » dans cette affaire ? Un seul !

Indubitablement, le Gars Louzeau a, dans un premier temps été abusé par Gergorin, lui-même « illuminé » par le libanais de service. C’était trop beau ! Pouvoir arrêter la résistible ascension de Nicolas Ui. « On le tient ! » Et puis patatras, voilà-t-y pas que nos services de renseignements lui annoncent que c’est du flan, du flamby, que ça ne vaut pas tripette, que ça pue mauvais.

Sauf, que l’on a laissé la porte entr’ouverte et que l’odeur de pet s’est répandue dans la presse toujours friande de fumets plus ou moins nauséabonds.

Dans le même temps, qui est assez naïf, pour croire que le Ministre de l’Intérieur, si brillant, si sémillant, si à l’affût de toutes les rumeurs qui le concernent, si fureteur, si liberticide, si fort en promesses et déclarations sur le cœur, promesses sécuritaires et amour de la flicaille, mais dont les résultats s’avèrent aujourd’hui comme demain si pitoyables, n’était pas au courant de ce qui se tramait contre son auguste personne ?

Il a laissé s’enferrer son rival. Et, quand il a jugé qu’elle était à point, bien dorée à souhait, il a balancé la crêpe chaude en se portant partie civile, en jouant les victimes, et en promettant le « croc de boucher » à celui qui voulait le faire passer aux oubliettes.

Villepin contre Vile-nain ! Une partie de catch, non truquée où tous les coups sont permis ! Pour qui, pour quoi ? Pour eux-mêmes. Exclusivement pour eux-mêmes.

L’on aurait pu croire qu’une fois élu par une majorité de gogos alliés à la classe affaires dont il est le fondé de pouvoir, le Président de la République française aurait eu la magnanimité de clore l’affaire. La position de Premier des Français exige de la grandeur, de la mansuétude, des valeurs "romaines " qui inspirèrent Corneille et Racine. Mais quand on a été élevé à l’ORTF, pas de danger que de telles vertus ne soient jamais entrées dans l’un de ses multiples cerveaux.

Hélas, on a affaire à Napoléon le Petit, pas à l’Empereur !

C’est le Gars Louzeau qui voit briller les coupoles du Kremlin, c’est le Maire de Neuilly qui prend du hâle dans les reflets de la tour 5 de Nanterre. L’un joue le panache de guerre, l’autre le kärcher. L’un vole vers des « gloïres » où l’attendent les muses, l’autre n’est qu’un teckel à la recherche de la fraîche, hargneux comme un loulou de Poméranie.

La droite bourgeoise se reconnaît plus ou moins dans le poète, la droite affairiste et populacière dans le Nain de Neuilly.

Moralité, Juppé se frotte les mains. Bayrou sourit jusqu’à ses oreilles et la gauche explosée explose de rire, ce qui la transforme en confettis.

Quant à l’image de la France dans le monde…

Comme si notre Omniprésident pouvait une seule seconde penser à ce qu’il représente !

Seule compte sa personne d’auguste que personne ne peut plus supporter, sauf ceux qui ont intérêt à bénéficier de ses largesses et autres privilèges.