POLISSE de Maïwen

Du rythme, un jeu d’acteurs assez exceptionnel, un Joestar époustouflant, le tout sur fond de catalogue de la Redoute ou des Trois Suisses des différentes perversions et abus dont sont victimes les enfants.

On n’est jamais loin de tirer son mouchoir pour pleurer d’émotion ou de rire. C’est ça la vie de la Brigade de Protection des Mineurs. Un travail continuel qui vous met les nerfs à vif, parce que ces flics et fliquettes sont perpétuellement confrontés à ce qu’il y a de pire dans notre société : les abus en tous genres sur innocents.

Que ce soient des abus sexuels, des viols, de l’embrigadement pour aller voler sur la voie publique, que ce soit par connerie, par degré zéro de la conscience. Immaturité de certains parents. Dénonciations fallacieuses de certains enfants déchirés par le divorce de leurs parents. Mensonges. Et surtout incapacité de la société à résoudre les problèmes auxquels ils, nous, sommes confrontés.

C’est assez bien filmé. On sent parfois que le film est long, et au moment où l’on commence à trouver le temps long, on en redemande.

Maintenant, pas de confusion. C’est du cinéma, pas du reportage à la Depardon. La réalité est encore plus sordide que ce qui nous est servi.

Attention ! Maïwen a bien suivi quelques semaines une brigade. Elle a pris des notes et ce que l’on voit est une reconstitution de ce dont elle a été le témoin ou de ce qu’on lui a raconté.

Le Prix remporté à Cannes est très mérité.

Gare à ceux qui ont de l’imagination ou qui ont été confrontés à de tels problèmes. Ils vont avoir du mal à supporter. De sales souvenirs vont leur revenir. C’est qu’on en a vus des gamines ou des gamins cassés avant même d’avoir eu toutes leurs dents d’adultes. Et même si on en a aidés certains à se reconstruire, à s’en sortir, l’on sait aussi que l’on est passé à côté d’autres, ou que l’on était impuissant.

Terrible l’impuissance devant l’injustice ! Terrible.

Bel hommage aux fonctionnaires de police. Ne sont pas tous des sarkoboys. Mais certains ont bien du mal à comprendre dans quelle société merdique nous pataugeons tous.

La maltraitance et les abus sur mineurs existent depuis la nuit des temps, quelle que soit la formation politique au pouvoir. Ils constituent le côté obscur de l’humanité. Et c’est peut-être le plus grand intérêt de ce film : nous renvoyer en pleine face, ce que sont les êtres humains. Car, quel que soit leur âge, leur condition sociale, leur degré de conscience, tous ne sont que des humains.

Leurs actes, répréhensibles, ne sont point « inhumains » comme nous le pompe une certaine presse. Non ! Le mal est en nous. En chacun de nous. Encore faut-il le savoir et apprendre à vivre avec en le dominant.